Des habitats artificiels pour suivre les anguillettes des marais vendéens

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Mise à jour le 2 janvier 2018

Une méthode simple et peu coûteuse pour suivre l’entrée des anguillettes a été testée dans deux marais vendéens.

Article publié dans Paroles de Migrateurs N°15 d’après l’étude d’Alice Chenal, LOGRAMI / AgroParisTech – Centre de Nancy

Depuis 2008, des piégeages par nasses sont réalisés sur le marais du Daviaud et au polder de Sébastopol. Les premiers résultats (2008, 2009 et 2010) montraient une diminution de l’abondance d’anguilles d’année en année, ainsi qu’un déficit de recrutement en jeunes anguilles associé à un vieillissement de la population.

Relève d’un flottang. Photo LOGRAMI

Un système de suivi a été recherché afin d’étudier plus spécifiquement le recrutement en jeunes anguilles et civelles dans ces marais et voir son évolution en lien avec les différentes décisions de gestion. Cette étude a été menée par Alice Chenal, stagiaire à LOGRAMI d’avril à septembre 2017, elle a permis d’évaluer l’utilisation d’un nouveau type de piège ciblant les petites anguillettes et les civelles afin d’élaborer un protocole de suivi du recrutement en civelles de deux marais côtiers vendéens (le Daviaud et le polder de Sébastopol).

Une méthode de suivi adapté aux contraintes des gestionnaires

Le piège flottang a été élaboré par la Cellule Migrateurs Charente Seudre en 2014. A la recherche d’un nouveau piège passif permettant de capturer préférentiellement les anguilles de moins de 15 cm. Le flottang, superposition de couches de géotextile flottant à la surface de l’eau, est facile à réaliser et pour un coût minime (moins de 10€ par engin). Il permet de cibler les anguilles de moins de 15 cm et s’est révélé plus pratique, plus rapide et plus facile à utiliser que les autres pièges testés.

Sur le polder de Sébastopol à Noirmoutier et au Marais du Daviaud à La Barre-de-Monts, 12 couples de flottangs ont été installés alternativement dans le réseau primaire et secondaire permettant aux anguilles d’atteindre le marais depuis la mer (réseau “entrée”), puis dans le réseau de fossés du marais (réseau “répartition”). Le premier était relevé plusieurs fois par semaine pour suivre la chronologie d’arrivée des anguilles, le second une fois par mois pour comparer leur occupation du marais par rapport aux anguilles plus âgées capturées dans les nasses.

Pour chaque relève d’un flottang, entre 0 et 6 anguillettes étaient comptées, principalement des anguilles de moins de 10 cm (76%). L’engin est donc complémentaire aux suivis par nasses ou verveux dont la maille capture efficacement les anguilles à partir d’une taille de 20 cm.

Au total, 135 anguillettes ont été observées dans les flottangs du réseau “Entrée”, sur 28% des relèves totales. A l’inverse, le réseau “répartition” n’a pas permis l’observation de beaucoup d’anguilles, seulement 7% des engins relevés contenaient une anguille. En effet, le flottang n’est pas attractif en soi (il n’est pas appâté), il devient intéressant si les densités sont suffisantes, ou par exemple s’il est placé sur une zone d’accumulation des anguilles (au pied d’un obstacle à la migration (buse entre deux fossés, vanne, etc.).

La situation est très différente entre les deux sites d’étude : le polder de Sébastopol n’a permis d’observer que 17 anguillettes de mai à juillet, ce qui confirme le défaut de recrutement observé au fil des années de suivi par nasses et la nécessité d’adapter les prises d’eau aux capacités de migration de l’anguille pour restaurer son accès au marais.

Le protocole obtenu d’après les résultats du suivi de 2017 devrait permettre aux gestionnaires de ces marais de surveiller l’évolution du recrutement d’année en année et d’évaluer l’impact d’adaptations de gestion sur ce recrutement. Pour le marais du Daviaud par exemple, l’étude de restauration de la continuité écologique prévoit d’aménager les ouvrages estuariens pour un meilleur passage des civelles vers le marais. Le suivi régulier à l’aide des flottangs devrait permettre d’observer une amélioration du recrutement en anguillettes pour ces deux marais.

Comparaison des structures de taille de toutes les captures par flottangs (2017) et par nasses (2008-2017)

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