Le bassin de la Loire subit un épisode de prolifération de cyanobactéries

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Mise à jour le 28 août 2017

Liée à la sécheresse prolongée et au bas niveau des cours d’eau, la présence de cyanobactéries toxiques a été confirmée vendredi 18 août par la préfecture de Maine-et-Loire.

Un amas de biofilms prélevé dans le Cher, durant l’été 2017. (JEAN FRANCOIS HUMBERT, source : francetvinfo.fr)

La mort de 13 chiens par intoxication a levé l’alerte au mois d’août sur les bords de Loire, en Maine-et-Loire et sur le Cher. Des cyanobactéries prolifèrent dans les eaux de la Loire, elles constituent des couches vertes ou bleutées à la surface des lacs ou des retenues d’eau, mais elles sont plus difficile à repérer en rivière car elles sont présentes au fond de l’eau. Elles produisent des neurotoxines qui peuvent être mortelles pour les animaux. Chez l’humain, elles peuvent provoquer des symptômes divers : « irritation cutanée, crampes d’estomac, vomissements, nausée, diarrhée, fièvre, angine, céphalées, douleurs musculaires et articulaires, vésicules autour de la bouche et atteinte hépatique », selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Une accumulation de biofilms dans un cours d’eau de la Loire durant l’été 2017. (JEAN FRANCOIS HUMBERT)

Les proliférations de cyanobactéries et les eutrophisations ont été observées avec la mise en eau de certains ouvrages dans les années 77-80, et dans les années 90. En effet, les retenues d’eau ralentissent les écoulements et favorisent l’échauffement de l’eau, souvent chargée en apports nutritifs du bassin versant, conditions permettant le développement microbien.

La pêche a déjà été interdite dans la Loire et son affluent, le Louet, dans le Maine-et-Loire. Il existe en effet une « possibilité que les poissons soient contaminés par les cyanobactéries », précise la préfecture.

Pour les personnes, il est conseillé de ne pas consommer l’eau ni les poissons qui y sont péchés et d’éviter la baignade.

« C’est un phénomène assez nouveau, très probablement lié aux conditions climatiques actuelles, la sécheresse et le niveau des cours d’eau très bas. Si sa fréquence augmente, il faudra qu’on mette en place des outils de surveillance », a expliqué à France Bleu Olivier Coulon, chargé de la surveillance de la qualité des cours d’eau à l’Agence de l’eau Loire Bretagne.

 

Le bassin Loire-Bretagne présente une sensibilité particulière aux proliférations phytoplanctoniques et notamment cyanobactériennes qui s’explique en partie par le grand
nombre de sites favorables (plans d’eau en tout genre, rivières ralenties avec écoulements faibles) dans un environnement nutritif assez largement excédentaire.

Il n’y a pas de surveillance spécifique aux cyanobactéries dans les réseaux de surveillance réglementaire au titre de la Directive Cadre sur l’Eau. Les suivis d’usages (Baignade, AEP)
s’intéressent plus à cette thématique.

Des actions sont menées pour tenter de limiter la prolifération des cyanobactéries et restaurer les usages mais les résultats ne sont pas toujours à la hauteur des espérances. Les retours d’expérience sont ainsi relativement peu nombreux et souvent peu conclusifs faute de recul suffisant dans l’évaluation de leurs effets. Les phénomènes d’efflorescence sont largement sous la dépendance des conditions hydro-climatiques, et à ce titre, présentent des variabilités intra et interannuelle très importantes.

Si les effets toxiques des cyanobactéries ont été repérés en Chine il y a mille ans, rappelle l’OMS, la présence de ces particules risque d’augmenter dans les prochaines années. Cette recrudescence est liée en très grande partie à l’activité humaine. Cet été, avec la période de longue sécheresse, le débit des cours d’eau a été réduit, « empêchant leur « nettoyage’ naturel et permettant « le maintien et la prolifération des cyanobactéries à certains endroits », expose Jean-François Humbert. « Pour contenir ce phénomène, il faudrait provoquer des crues capables de nettoyer les cours d’eau, ce qui est assez difficile », décrit le chercheur.

De manière plus générale, la limitation des nutriments et la restauration des écoulements dans les rivières restent le meilleur moyen de limiter ces efflorescences sur le long terme.

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